L'assurance-vie connait sa chute

L'assurance-vie chute


L'assurance-vie retrouve de l'attrait auprès des Français. La collecte nette (versements moins retraits) a été meilleur en février en France, à hauteur de 300 millions d'euros, pour la première fois depuis sept mois, selon des statistiques des deux principales fédérations d'assureurs. Ce chiffre confirme les commentaires récents de plusieurs assureurs, qui faisaient état d'une normalisation relative du marché après un semestre très difficile, inédit dans l'histoire de ce placement.

Des retraits en baisse
Le retour dans le vert de la collecte nette est d'abord attribuable à un fort ralentissement des rachats (retraits), en baisse de 24% par rapport au mois de janvier. Ils restent néanmoins supérieurs de 21% à leur niveau de février 2011. Dans le même temps, les versements enregistrent un recul plus modéré, de 14% par rapport à janvier 2012 et de 13,5% par comparaison avec février 2011, selon les chiffres publiés par l'Association française de l'assurance (Afa), qui réunit la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA) et le Groupement des entreprises mutuelles d'assurance (Gema). Le total des sommes placées sur des contrats d'assurance-vie a progressé, passant de 1.369 milliards fin janvier à 1.377 milliards fin février.

Ces chiffres confirme le discours tenu par de nombreux assureurs, qui annonçaient depuis plusieurs semaines un retour à "une certaine normalité", selon le terme utilisé par le directeur général d'Axa France, Nicolas Moreau, mi-février. "Le mouvement d'inflexion annoncé se confirme sur ce dernier mois", a déclaré à l'AFP le président de la FFSA, Bernard Spitz, tout en appelant à la prudence. "Il est beaucoup trop tôt pour y voir une tendance", a-t-il prévenu. L'assurance-vie semble néanmoins sortir de l'ornière, après une fin d'année cauchemardesque.

Crise en zone euro et contexte économique sombre
Le produit a notamment souffert de l'aggravation de la crise de la zone euro, qui a incité les épargnants à privilégier des placements de court terme. Or plusieurs de ces produits étaient déjà poussés avec force par les banques, lancées dans une chasse aux dépôts dans la perspective de l'arrivée du nouveau cadre réglementaire, dit Bâle III.

La dégradation du climat, mais aussi la réduction programmée du dispositif Scellier, ont également entraîné un report significatif des placements financiers vers l'immobilier. "Il y a eu globalement une campagne de désendettement", marquée, entre autre, par une vague de remboursements de crédits immobiliers, avait observé M. Moreau. Selon lui, "il est possible qu'au pic de la crise, nos concitoyens aient choisi de se désendetter plutôt que de réinvestir".

Apaisement sur les marchés
La normalisation des marchés, début 2012, soutenue par les avancées sur la Grèce et les opérations exceptionnelles de la Banque centrale européenne (BCE), ont apporté une forme d'apaisement. "Les rachats ont beaucoup diminué, les gens sont moins inquiets" qu'à la fin de l'année 2011, a déclaré jeudi le PDG de la branche assurance de BNP Paribas, Eric Lombard. "Sur les premiers mois de 2012, Aviva est satisfait de l'évolution de la collecte", a commenté vendredi Aviva France. Pour autant, plusieurs des facteurs défavorables à l'assurance-vie demeurent, principalement l'arrivée à la retraite de la génération "baby boom" et la baisse continue des rendements. Le mois dernier, le directeur général de CNP Assurances, Gilles Benoist, avait ainsi parlé de "tournant".

L'assurance-vie va retrouver sa vraie vocation, qui n'est pas de concurrencer des produits bancaires de court terme, mais de constituer une vraie réserve d'épargne longue et de financer les retraites et la dépendance", avait il expliqué. Une vocation qui ne semble pas contestée par les candidats à l'élection présidentielle en position d'être élus. "Sur les questions de fond, il y a une ligne de force qui fait consensus à gauche et a droite, c'est celle qui revient a privilégier l'épargne longue", estime M. Spitz. Pour lui, "tout le monde comprend que pour avoir de la croissance, il faut avoir des investissements et donc de l'épargne longue. Je n'ai pas de crainte dès lors que ce message est passé.

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